Institut du Monde Arabe, jeudi 5 novembre
Dans le cadre des « Jeudis de l'IMA »
1, rue des Fossés Saint Bernard, 75005 Paris (Salle du Haut-Conseil, 18h30-20h30)
L'invité du trimestre : Robert IRWIN
"Les vrais discours de l'orientalisme"
Présentation par François POUILLON
L'orientalisme n'est pas apparu avec le colonialisme. Il se développe aux XVIIe et XVIIIe siècles dans le cadre des études bibliques et de l'érudition académique classique. Au XIXe, quand triomphe le colonialisme, la recherche universitaire n'y occupe d'abord qu'une place modeste. Et ce n'est pas principalement dans les métropoles impériales, la France et l'Angleterre : dans ce domaine, c'est l'érudition allemande qui a la première place. Pour le reste, les "drogmans", intermédiaires locaux avec les institutions et les voyageurs européens, et plus généralement, les intellectuels autochtones vont continuer, au XXe siècle encore, à jouer un rôle fondamental.
Si les écoles française et anglaise ont pris en effet toute leur place, c'est selon des histoires et des rythmes significativement différents - ce qui n'est pas sans faire problème. Par ailleurs, il faut souligner que le développement d'un courant orientaliste dans les registres de la peinture, de la musique, des arts décoratifs, de la culture en général, ne suit pas les mêmes chronologies. Globalement, il apparaît que, dans l'étude de l'orientalisme, une part trop importante a été faite jusqu'ici aux intellectuels, aux écrivains, aux universitaires. Les spécialistes du monde arabe et musulman n'ont finalement eu qu'un rôle minime dans le développement du racisme et du sionisme.
Si les écoles française et anglaise ont pris en effet toute leur place, c'est selon des histoires et des rythmes significativement différents - ce qui n'est pas sans faire problème. Par ailleurs, il faut souligner que le développement d'un courant orientaliste dans les registres de la peinture, de la musique, des arts décoratifs, de la culture en général, ne suit pas les mêmes chronologies. Globalement, il apparaît que, dans l'étude de l'orientalisme, une part trop importante a été faite jusqu'ici aux intellectuels, aux écrivains, aux universitaires. Les spécialistes du monde arabe et musulman n'ont finalement eu qu'un rôle minime dans le développement du racisme et du sionisme.
Dans une large récapitulation sur l'histoire des études sur l'Islam et le monde arabe, on s'attachera à présenter une synthèse qui s'inscrit en faux contre celle proposée, il y a déjà trois décennies, par Edward Said.
Robert G. IRWIN est historien, spécialiste du monde arabe, professeur à l'université de Londres, responsable du secteur Moyen-Orient au Times Litterary Supplement. Il est par ailleurs romancier, et plusieurs de ses romans ont été traduits en français : Nocturne oriental notamment (chez Phébus), ou Les Mystères d'Alger. Après de larges synthèses consacrées à la littérature et l'histoire de la culture arabe, en particulier aux Mille et Une Nuits, ou à L'Art islamique (traduit chez Flammarion), son dernier ouvrage, For Lust of Knowing. The Orientalists and Their Enemies (2006), propose un réexamen critique des thèses d'Edward Said dans le cadre qu'un bilan général sur ce mouvement du savoir et de la culture que l'on a appelé "orientalisme".
François POUILLON est directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a récemment dirigé un Dictionnaire des orientalistes de langue française (IISMM/Karthala, 2008).
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