JOURNÉES DE GÉOGRAPHIE TROPICALE
TOULOUSE 16-19 MARS 2011 UTM INP-ENSAT, ENFA
TOULOUSE 16-19 MARS 2011 UTM INP-ENSAT, ENFA
Ces Journées sont organisées autour de plusieurs événements :
* Un colloque, prévu sur trois journées
* Une Journée des Doctorants et Jeunes Chercheurs
LES TERRITORIALITÉS RURALES DES SUDS EN QUESTION
Objectif général du colloque :
L’objectif de ces Journées est de réinterroger les cadres de l’analyse territoriale dans un contexte d’accélération des mobilités et de recomposition des territoires ruraux et de leurs unités socioéconomiques.
Les années 1980-1990 ont marqué une rupture dans les modes de développement des territoires ruraux des Suds. Les structures productives ont été fragilisées sous l’effet de changements internes (dynamisme démographique, pression et blocage foncier, problèmes de fertilité des sols et d’accès à l’eau, recherche de nouveaux marchés, exacerbation des compétitions pour l’accès aux ressources qui s’épuisent et logiques d’extraction prédatrices renouvelées par l’entrée de nouveaux acteurs) et externes (libéralisation de l’économie et ses effets sur la fluctuation des prix et l’effondrement des rentes agricoles, politiques d’ajustement et crise financière des Etats avec ses effets économiques - notamment sur la précarité des revenus urbains et l’informalisation des rapports économiques – mais aussi sociaux avec conjointement des « diffractions sociales » et l’émergence de nouveaux acteurs).
Le dualisme urbain-rural, construit idéologiquement et accompagnant le paradigme du développement, a longtemps marqué les études et les politiques dans les Suds. Pourtant, dès les années 1980, dans un certain nombre de territoires ruraux, l’accélération des mobilités spatiales facilitées parfois par l’amélioration des réseaux de communications, dévoile l’importance des liens à la ville dans le contexte d’émergence de territoires multipolaires à différentes échelles, y compris à l’international. Conjointement, la densification du réseau urbain et l’accroissement des villes ont rapproché physiquement mondes ruraux et urbains, créant un nouveau moment dans l’histoire des espaces ruraux. Cependant, les études ont montré qu’il faut aller au-delà de cet accroissement des flux et de ce changement dans la nature de ce qui s’échange, pour comprendre qu’est en jeu la construction d’un nouveau modèle de développement, voire un nouveau mode d’existence, et de nouveaux territoires de référence, entre urbain et rural.
Le modèle de développement des campagnes, défini dans le rapport que les sociétés entretiennent avec leurs environnements proches et lointains, s’est longtemps défini par une référence privilégiée à la centralité des terroirs, même s’il impliquait détours et déplacements vers d’autres lieux (la ville) et d’autres sphères de la vie sociale. Les campagnes n’ont jamais été des mondes clos et l’analyse des ruralités contemporaines doit prendre la mesure de la « multiplicité sociale : des identités, des allégeances, des autorités et des normes ». Les territoires aujourd’hui sont investis par des forces et des enjeux dont les déterminants marginalisent la notion même de ruralité et surtout d’une ruralité se définissant par le travail de la terre, même si les situations sont diversifiées et paradoxales.
La « frontière », aussi bien géographique (fronts pionniers, croissance urbaine) que sociale (nouvelles catégorisations) dont les horizons, idéologiques et économiques, alimentent le dynamisme et consolident l’identité des territoires ruraux est aujourd’hui à géométrie variable. Le contexte des crises plurielles actuelles pose pourtant la question de la capacité de résistance des modèles de territorialités circulatoires auxquelles ont eu recours de nombreuses sociétés rurales et agricoles, surtout depuis les années 1980.
La recherche scientifique doit accompagner l’analyse des contextes d’action qui oblige à se départir d’une approche trop sectorielle (qu’elle soit naturaliste ou sociale) et particulariste pour intégrer ces espaces dans des dynamiques territoriales plus larges, où les aires qui leur sont proches ou lointaines (villes, aires de marché) prennent une dimension nouvelle et déterminante pour leur avenir, les insérant dans des logiques complexes et discontinues de pluri-localisation.
Sans pour autant se dégager des formes de dépendance, les agriculteurs et les agricultrices démontrent leurs capacités d’innovation non seulement techniques mais aussi et surtout sociales. Ce sont les agriculteurs et les agricultrices eux-mêmes – et plus largement les habitants des campagnes encore fortement inscrits dans des logiques sociales familiales -, trop souvent encore dans des logiques de survie, qui, par l’accélération d’une mobilité précaire entre des territoires multiples, entre campagne et ville, tentent de construire ou de reconstruire des liens sociaux et économiques aux échelles régionale, nationale voire internationale. Les territoires ruraux doivent aujourd’hui intégrer les conditions de leur fertilité, agronomique et économique dans ces nouvelles complémentarités à plusieurs échelles.
La globalisation bouleverse le rapport établi entre les territoires dans la mesure où le niveau d’intégration et de concurrence s’établit prioritairement à l’échelle mondiale. Comme le développement s’était appuyé sur la flexibilité et la mobilité du travail, il suppose également une certaine flexibilité des territoires, libérés du poids du contrôle étatique. Entre valorisation des caractéristiques propres à tel ou tel territoire et de l’architecture des relations qui les structurent et déterminent leur niveau de compétitivité d’un côté, et intégration dans des réseaux (d’information, de circulation des techniques, de marchés,…) qui transgressent les limites de ces espaces spécifiques, d’un autre, entre inscription au lieu et ouverture vers de nouvelles frontières, comment peut se penser l’avenir des sociétés et des territoires ruraux désormais engagés pour la plupart dans un moment (espace-temps) à intensité et géométrie variables.
Dates limites :
* Appel à communication : 1 juin 2010
* Réception finale des propositions de communication (résumés) : 15 octobre 2010
Contact : Awa SARR - courriel : awa[point]rivet[at]univ-tlse2[point]fr
Source: « Les territorialités rurales des Suds en question », Appel à contribution, Calenda, publié le mercredi 29 septembre 2010, http://calenda.revues.org/nouvelle17437.html
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