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25 mai 2010

[Article] En Thaïlande, "le premier problème est la profondeur de la division du pays".

Le Monde | 24.05.10 | Envoyé spécial, Bangkok
Paul M. Handley est l'auteur d'une biographie sur le roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, bannie au royaume de Siam, The King Never Smiles : a Biography of Thailand's Bhumibol Adulyadej (Yale University Press). Aujourd'hui basé à Ryad où il est journaliste pour l'AFP, il décrypte la crise politique thaïlandaise en regard du rôle ambigu du palais royal dans la vie politique tout au long du règne du roi de Thaïlande. Entretien.

Le roi de Thaïlande est vénéré, mais il a largement usé de son influence en politique durant son règne, à la fois sous la dictature militaire et en démocratie. La crise politique actuelle n'est-elle pas aussi celle de ce système de gouvernement ambigu ?
Ce n'est pas la monarchie qui gouverne en Thaïlande – elle ne dirige pas activement le pays. Mais avec leurs alliés militaires, le roi et l'institution royale se réservent un droit ultime de décision. Ils l'invoquent à chaque fois qu'ils perçoivent une menace contre leurs intérêts et leur autorité. Le roi et quelques-uns des militaires estiment que cette autorité est utilisée dans l'intérêt du peuple et de la nation thaïlandaise. En réalité, pour tout un groupe de gens, et surtout la majeure partie des dirigeants militaires, c'est un moyen d'abuser du pouvoir dont ils disposent, à des fins personnelles.
Durant le règne du roi Bhumibol, à chaque fois que le palais et ses alliés militaires ont senti leur autorité ultime menacée par une personne ou un mouvement, ils ont tout mis en œuvre pour éliminer cette menace, d'autant plus lorsqu'elle s'est avérée être un mouvement populaire mené par un leader élu. Ils n'ont jamais pris en considération la valeur ajoutée apportée au pays, quoi qu'aient pu proposer ces mouvements. Cette tendance a été une constante durant tout le règne de Bhumibol.
Pendant les années 1980, tout cela était justifié comme une lutte contre le communisme. Mais le maintien de ce postulat après la fin de la guerre froide a été de plus en plus difficile à justifier. Pourtant, ils ont insisté sur le maintien de l'autorité suprême et sur ce droit de veto général, même si ils n'avaient pas de responsabilité ou de capacité de direction au quotidien.

Quelle responsabilité a Thaksin Shinawatra (ex-premier ministre thaïlandais en exil) dans cette crise ?
L'alliance Palais-militaires mise en place depuis 1990 a clairement été incapable de mener à bien la modernisation de la Thaïlande. Cependant, ils ont conservé leurs positions. Ils étaient très nerveux lorsque Thaksin Shinawatra est devenu premier ministre, parce qu'il avait un très fort soutien populaire, en particulier des populations rurales et des couches inférieures de la classe moyenne, les laissés-pour-compte du boom économique de la Thaïlande.
Lorsque la popularité de Thaksin a augmenté, et qu'il a essayé d'institutionnaliser son propre pouvoir (en plaçant ses propres hommes au sein de la police et de l'armée), l'alliance Palais-militaires a de nouveau invoqué ce droit de veto auquel elle a si souvent eu recours, en soutenant un soulèvement contre Thaksin, puis en essayant d'utiliser la justice pour le forcer à partir, et jusqu'au coup d'Etat de 2006.
Thaksin fut un premier ministre très corrompu, il a ouvertement abusé de son pouvoir, mais ce fut aussi le dirigeant élu le plus populaire de l'histoire thaïlandaise. Et de nouveau, une grande partie de la population a vu en lui la personne qui a le plus amélioré leurs conditions de vie être écartée du pouvoir.
Les deux premiers ministres suivants, élus au Parlement par le parti de Thaksin, ont également été contraints de démissionner, jusqu'à ce que finalement l'alliance Palais-militaires ait été en mesure de désigner leur partisan, Abhisit Vejjajiva.
A Bangkok, il y avait une forte haine envers Thaksin et les chemises rouges dans la classe moyenne et supérieure, car il n'était pas leur homme, et à juste titre, nombreux sont ceux qui se sentaient menacés par sa popularité. Néanmoins, il était populaire et il a été enlevé à ses partisans. Et les partisans de Thaksin ne voient pas Abhisit comme quelqu'un qui a leurs intérêts et leurs besoins à l'esprit. Ils se sentent dépossédés, et ils connaissent maintenant clairement les coupables : le palais et ses alliés militaires.

Propos recueillis par Brice Pedroletti
Traduit de l'anglais par Marine Campagne.

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